« Je vais revenir sur ma participation aux Championnats Du monde IM 70.3, dimanche 10 septembre à Chattanooga, Tennessee. Au-delà d’une expérience inoubliable, d’une ambiance géniale et d’une foule de participants venus des 4 coins du monde, c’était ma deuxième participation à un 70.3 après Ma qualification à Elsinore. J’avais des attentes par rapport à cette course, Pas de grandes ambitions en terme de classement, mais réaliser une jolie course et sortir satisfait., malgré un parcours exigeant. Je ne peux pas être aussi affirmatif encore maintenant. Quelques temps avant la course, je disais à mon frère que « l’entraînement ne suffisait pas, ce n’était pas le seul paramètre pour réussir une course ». Et j’en ai fait l’expérience…
Chattanooga, 6h du mat. La ville est déjà remplie, tous convergent en un seul endroit: Le lieu de départ de la course. Je suis Super stressé. Peut-être trop. Famille et coach m’écrivent et ça me fait bien plaisir. Ça me calme. Un peu. Moment de stress, je n’ai pas récupéré ma puce la veille (je ne sais pas comment je suis passé au travers!!), mais je suis vite rassuré, il y en a pour les boulets lors de la distribution des bonnets. Gonflage du vélo, tout est ok, départ des pros c’est hallucinant. Le temps est juste parfait, une belle journée s’annonce. Malgré une eau « chaude » (environ 24-25C), la combinaison est autorisée. Lorsque je la mets, je suis avec mon groupe d’âge, et plus d’accès aux toilettes…. ça a joué un rôle sur le déroulement de Ma course….
: . Pas d’autre mot. J’en avais peur, j’appréhendais, le résultat m’a donné raison. Parti dans le fond de mon groupe d’âge, je ne suis pas gêné et je peux nager comme je le souhaite. Traversée de la rivière Tennessee, puis 900m environ à contre-courant face au soleil rasant. Ça m’a vraiment paru long, même si les bras ne souffrent pas. Je vois des bonnets verts me dépasser, Le groupe d’âge suivant me rattrape…. Pas besoin de s’affoler (Pas encore), il y a d’excellents nageurs dans chaque AG… virage pour reprendre en travers la rivière et se mettre dans le sens du courant. J’essaie d’accélérer, mais est-ce que je le fais vraiment??? Lorsque je sors de l’eau, aidé par un volontaire, je regarde la montre et là moralement, je prends une claque: quasiment 40′. Ça me fait mal… je sais que depuis cet été je ne suis pas au top en NAT, qu’il y’a du courant, mais quand même…
T1: . Première fois que je me fais déshabiller. Les volontaires m’ont dit de m’asseoir et m’ont aidé à retirer la combi, c’était sympa. Puis direction le parc à Vélo où je me rends compte qu’il ne reste plus beaucoup de vélo de mon AG. Même en partant dans le fond, à ce moment, deuxième claque. Et pas d’arrêt au stand malgré l’envie toujours pressante.
Vélo: . LE point de satisfaction de Ma course. Je trouve que je fais un vélo satisfaisant. Le coach n’a eu cesse de me répéter que les effets du voyage se faisaient sentir dans mes sorties de la semaine, et que le dimanche je serai en forme. C’était le cas. Pour avoir reconnu le parcours, je savais que les premiers 35km étaient durs, Avec une belle ascension et ensuite des relances sur des rampes à parfois 12%. Tactique du coach appliquée: on appuie modérément en montée puis on relance au sommet. Ça marche bien. L’ambiance en bord de route est Juste superbe, tous les gens qui t’encouragent, ça file la pêche. Deuxième ravito, première partie de course passée, on se lance dans une longue descente rapide où je n’arrête pas de pédaler, je ne suis pas parti en chasse, mais je veux gagner autant de temps que possible. Ou ne plus en perdre, c’est selon maintenant. Je n’oublie pas de manger, de boire malgré cette envie toujours présente et qui s’accentue à chaque fois que je prends le bidon…. je commence à réfléchir à m’arrêter mais nan, impossible, il faut que j’avance. Le reste de la course, je Le fais bien, posé sur les prolongateurs, a appuyer, relancer sur les faux plats, jouant à dépasser les 3/4 mêmes gars qui me repasseront quelques centaines de mètres après. Et ainsi de suite…. même qu’une fois ou deux je me suis fait vraiment violence car j’entendais la moto Du « race Marshall » et je sais qu’ils allaient être pointilleux sur les durées de dépassement alors go… éviter de prendre une pénalité bête. Je rejoins la ville, je regarde au compteur, ça me fera 2h45 environ, ça me va… et niveau jambes, je me sens bien. Ça tire un peu ok, mais après quelques bornes ça rentrera dans l’ordre. Je le sais. Enfin à ce moment là c’est ce que je me dis.
T2: . Je file mon vélo a un « bike catcher » qui s’occupera de le poser à sa place. Je récupère mes chaussures et le dossard et je me décide à aller pisser. Enfin. Après 3-4h. Je me voyais mal courir Avec cette envie. Autant sur le velo ça passe car tu bouges pas beaucoup mais en courant… et je repars pour mon semi….
CAP: . Premier kilo en 4’15, sur une portion plate de la course. Le parcours s’annonce compliqué, Avec plusieurs bosses à passer deux fois. J’ai reconnu le parcours Le jeudi (peut-être trop) et j’étais confiant si je posais le vélo Avec de bonnes jambes. C’était le cas. Voyants au vert, go. Cependant après ce premier kilo, première bosse, et… premières douleurs qui apparaissent. Ah nan Pas aux jambes, ça je gère. Je commence juste à avoir une barre énorme au niveau de l’estomac qui me plie en 2. Littéralement. Ça empire. Donc la première chose qui me vient à l’esprit à ce moment là, c’est « baisse ta FC Le temps que ça passe ». Donc je ralentis, histoire d’enrouler, de limiter les chocs. Je ne sais pas ce que j’ai. Ce qu’il se passe. Premier ravito, j’essaie de me poser en marchant en buvant… puis je relance. La douleur est intense sur une grosse première demi-heure. Après, je ne sais pas si je la sentais moins en my étant habitué ou si elle s’est atténuée. Je n’ai jamais été dans mon rythme, j’étais crispé. C’est dur et je le sens. Chaque ravito, j’essaie de boire un peu, mais les boissons sont glacées et c’est loin d’être agréable. Le soleil cogne donc il faut boire, se rafraîchir. Les bosses se passent et me font souffrir, mais je tiens, même si dans la tête, je sais que c’est Mort pour une belle CAP. Mais Nico, t’es venu ici alors go. C’est dur de Pas être à ton rythme, de courir en étant dégoûté… au 3ème ravito Du deuxième tour, je tente le « hot shot ». Au briefing de course ils avaient « conseiller de Le boire Avec un verre d’eau ». Donc dans la tête c’était clair, hot shot + verre d’eau. Oh mon pauvre la boulette! J’ai non seulement pris un verre d’eau mais un verre de gatorade puis un deuxième d’eau… LOL. Ça me brûle la gorge jusqu’au ravitaillement suivant, c’est affreux ce truc. Ah ben ça pour un coup de fouet…. ça m’a au moins permis de relancer . Puis viennent les deux dernières bosses. Les quadriceps se tendent vraiment… Ah non, il y a encore ce superbe pont pédestre mais qui monte aussi. L’ambiance est encore géniale avec des encouragements de tout le public, c’est géant. Mais aussi d’Olivier et d’Anais sur le bord de la route. Ça réchauffe même quand tu es dans le dur. Surtout à ce moment-là peut-être… fin du pont, il doit rester 1km roulant, pour le fun et Le sport, et pour dépasser les gars devant moi, je décide d’accélérer. Comme je peux! Puis j’arrive, je vois cette arche. J’y suis je l’ai fait. Je n’ose pas lever les bras. Je m’assois, complètement triste Du déroulement de Ma course. Mais j’essaie de retrouver un sourire pour la photo officielle. Je suis quand même aux championnats du monde et ça serait dommage de ne pas avoir une belle photo.
Je récupère mon portable et vois tous vos messages, Ma femme, Ma mère, le coach et les collègues du tri. Que des messages positifs…. merci à vous . Puis j’ai rejoint mes hôtes qui étaient venus me voir arriver, la bonne surprise. Thank you Talitha & Malcom.
Après debrief, j’aurais dû pisser plus tôt. Une histoire d’accumulation de toxines qui explique cette CAP douloureuse, physiquement et mentalement. La NAT pas terrible, mais on bossera avec les coachs. Et sûrement le point de départ de tout. Pas vouloir perdre plus de temps, se précipiter et faire des erreurs, ou de mauvais choix. C’était mon deuxième long, mes attentes étaient peut-être trop fortes, après tout, 5h15 Avec un semi en 1h45, c’était l’objectif de juin, donc je suis pas totalement hors des clous, mais je sais que j’aurais dû faire mieux. En plus j’étais en forme, vraiment. Sensation bizarre. Mais en effet c’est le sport, se tourner vers l’avenir plutôt que ressasser cette erreur et cette mauvaise NAT. L’envie de recourir est forte mais niveau mental, c’est dur. Une première déception, c’est tout. Il n’y a pas que l’entraînement, l’exemple est parfait, j’ai joué avec mes limites, j’ai pas gagné. Mais c’était aux championnats du monde…. ce qui amplifie le sentiment. L’organisation était au top, les volontaires hyper motivés, joyeux et gentils, Le public . L’épreuve était jolie, avec toutes ces différentes nationalités autour de soi…. une expérience que j’ai bien envie de revivre et pour laquelle je me sens hyper chanceux d’avoir pu y participer…. »